Articulo de prensa, que se publicó en PARIS MATCH, y que lo tenía guardado Rachel Lambert Mellon en sus archivos.Exclusif: l'homme mystère de la coututre renonce , mais... BALENCIAGA DEVIENT UN VISAGE L'evénement le plus important de la "saison" des couturiers est une abscence: celle de Balenciaga. En soi, la chose n'aurait rien d'insolite. Comme les souverains orientaux, le maitre de l'avenue George-V régnait par l'invisibilité. Même dasn ses propres salons, il n'apparaissait jamais en public. Et c'est à peine s l'on connaissait trois ou quatre photos de lui. Mais, cette fois, l'abscence de Balenciaga est aussi celle de sa collection: c'est une disparition. Le mystérieux, le " beau Cristobal", le couturier des reines, a décidé de fermer boutique.
Les premiers de toute la presse, nos reporters ont retrouvé le disparu: au fond d'un parc des bords de Loire, dans une gentilhommière aux murs de crépi rose, " la Reinerie", son dernier secret. Il avait acheté cette propiété il ya plus de trente ans, mais il n'avait jamais le temps d'y aller, prèférant passer ses week-ends à Paris, à atravailer dans le silence de ses ateliers déserts. Aoujourd'hui pantalon de velours et blouson de toile bleue, Cristobal Balenciaga rompt enfin le silence de toute sa vie. Une vie, qui comme celle de tant de célèbres petits pauvres d'Espagne- de Goya au Cordobès- n'aura été qu'une longue et laborieuse revanche sur le sort.
- Mon père ètait pêcheur, ma mère une couturière de village. Ma chance fut que, dans ce village de Guétaria, près de Saint-Sebastien, se trouvait la résidence d'été d'une grande dame, la marquise de Casa Torrès, l'arrière- grand-mère de la future reine Fabiola. Je n'avais d'yeux que pour elle lorsqu'elle arrivait à la messe, le dimanche, descendant de son tilbury, avec ses longues robes et ses ombrelles de dentelle. U jour, ramassant tout mon courage, je lui demandai de visiter ses armoires. amusée, elle accepta. Et je vécus ainsi des mois merveilleux, chaque jour après l'école, à vivre avec les repasseuses de la marquise, au dernier étage du palais, caressant les etoffes, examinant chaque pli, chaque point de tous ces chefs-d'oeuvre.
J'avais douze ans quand la marquise m'utorisaà lui faire un premier modèle. Et vous imaginez ma jpoie lorsque, el dimanche suivant, je vis la noble dame arriver à l'église dans ma robe! C'est ainsi que je fis à la fois mon entrée dans la haute couture et dans la haute société"
Depuis les carnets de commande du " beau Cristobal" se sont confondus avec le Gotha. La reine Marie-Christine, mère d'Alphonse XIII, la reine Fabiola, la grand-duchesse de Luxembourg, la princesse de Réthy, Marlène Dietrich ont adopté la ligen altière et le célèbre " biais" Balenciaga.
Coco Chanel l'a dit: " Balenciaga seul est un couturier. Lui seul est capable de couper un tissu, de le monter et de le coudre de sa main. Les autres ne sont que des dessinateurs." Comment un tel homme aurait-il pu se reconvertir dans le " prêt-à- porter"? Alors, plutòt que d'ouvriri une " boutique", Balenciaga a préféré payer leurs indemnités à ses deux mille ouvrieres. Il avait fait rêver trois generations de femmes. Il venait d'avoir soixante-treize ans.
" A mon àge, dit-il, on peut encore changer de vie, mais pas de métier".